Pascal Parpaite et Jean-Jacques Coustaline signent un ouvrage retraçant la vie de Jean Coustaline, mécanicien navigant pour Air France et figure héroïque de l’aéronautique, publié par l’association Mémoires de l’Hydraviation.
Après ses débuts comme mécanicien dans des aéroclubs parisiens dans les années 1930, Jean Coustaline a été mécanicien navigant sur des avions légendaires tels que les Latécoère 521 et 522, le DC-3 et le Latécoère 631.
Il avait été impliqué dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de disparaître tragiquement lors du crash du Laté 631 F-BDRC au-dessus de l’Atlantique, le 1er août 1948.
Ce livre, richement documenté à partir de correspondances familiales, de carnets de vol et de lettres personnelles, offre un regard intime sur la vie d’un homme qui a traversé des moments cruciaux de l’histoire aéronautique.
Avec ses 168 pages au format 24×24 cm, il constitue une lecture essentielle pour les passionnés d’histoire de l’aviation.
Disponible au prix de 34 € (hors frais de port), à commander à :
Association Mémoires de l'hydraviation 430 RD 56 lieu-dit Peigus 84240 Ansouis
Mail: memoireshydraviation@free.fr
Bonus un jeu de 15 cartes sur le Laté 521
Expédition via point Mondial Relay.
(paiement par chèque uniquement)
Coup de cœur 2025 |
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Cette biographie de Jean Coustaline est surprenante.
On pourrait aborder cet ouvrage de manière un peu dubitative car le personnage évoqué n’est pas particulièrement connu, et rien, dans le titre ou le sous-titre, ne laisse imaginer le travail de bénédictin concernant les hydravions Latécoère qu’il a nécessité.
Or, en le lisant, on est charmé par le plumage et par le ramage.
Le ramage, car on découvre la vie, souvent aventureuse, d’un mécanicien navigant sur les derniers hydravions géants de notre compagnie nationale, de 1937 à 1948.
Lors de l’intermède de l’Occupation et de l’immédiat après-guerre, il se mue aussi en chef de réseau de la Résistance.
Au-delà de ce portrait, c’est toute l’expérimentation et l’exploitation des grands hydravions, que furent les Laté 521, 522 et 631, qui nous est contée.
Tout cela est le fruit d’un travail croisé de Jean-Jacques Coustaline, pour ce qui est des archives familiales concernant son père, et de Pascal Parpaite, juste avant sa disparition, pour la reconstitution, égrenée vol par vol, comme un chapelet, de l’histoire des hydros de grand tonnage, et l’articulation de cette chronologie autour des carnets de vol du mécanicien navigant. Au-delà des vols, c’est aussi une chronique de la vie en Amérique du Sud, lors d’une réparation lourde d’un appareil, ou l’expression des sentiments de Jean Coustaline lorsque ses missions le tiennent loin du Sud-Ouest et de sa famille.
Il est à noter une franchise remarquable des auteurs, quant aux sources utilisées.
Dès le départ, ils nous informent que, le premier carnet de vol étant absent, ils ont dû reconstituer les débuts de ce récit. Ils notent ensuite, page 51. « A présent, c’est principalement grâce au mixage de la correspondance de Jean Coustaline à son épouse Carmen et à ses carnets de vols que l’on va pouvoir suivre sa carrière ». Et ainsi de suite. On a donc le film lui-même, et le « making-of ».
Le plumage, car c’est ce qui saisit le lecteur, dès la prise en main de l’ouvrage : c’est un très beau et lourd volume, de format carré. C’est devenu rare, le livre est relié.
Le papier, glacé, est de fort grammage. Il met parfaitement en valeur les photos, parfois en couleur mais majoritairement en camaïeu de sépia pour ce qui est des clichés en noir & blanc.
Les autres documents, nombreux, sont présentés avec un code couleur/ou graphique qui en marque la provenance : carnet de vol, courrier, coupure de presse, cartes philatéliques…
Le seul reproche qu’on pourrait faire à l’ouvrage, c’est l’absence d’une table des matières.
Alors, reconstituons-la :
Page 7 Préface de JJ Courtaline
Page 9 chapitre 1 Une carrière intense mais trop courte
Page 17 chapitre 2 Les vols transatlantiques expérimentaux
Page 33 chapitre 3 Jean Coustaline et la Résistance
Page 47 chapitre 4 Le retour à Air France
Page 77 chapitre 5 Paris Le Bourget, Tante Ju et Dakota
Page 109 chapitre 6 Préparation de la ligne des Antilles
Page 125 chapitre 7 « Le voyage extraordinaire »
Page 139 chapitre 8 Prêt pour les Antilles avec le F-BDRC
Page 151 chapitre 9 Après la catastrophe du F-BDRC
On devine que le sort sera fatal, et l’accident du 1 aout 1948 marqua la fin de l’exploitation des grands hydravions chez Air France.
Le lecteur ne peut s’empêcher de penser à la fin du Concorde.
Au final, voici un ouvrage très intéressant, présenté avec beaucoup d’élégance, d’un prix abordable malgré son apparence luxueuse.
Voici un joli premier coup de cœur pour 2025.
Un magnifique livre, qui gagne à être découvert.
Jean-Noël Violette